Orpéa : Le PDG sera entendu au Gouvernement
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Nous avons tous, dans nos proches, des personnes âgées, qui nous sont chères.
Pour un meilleur accompagnement, nous prenons parfois la difficile décision de les confier à des établissements adaptés, les maisons de retraite, ou les EhPad (Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Mercredi 26 Janvier 2022, un ouvrage a été publié aux éditions Fayard, par l’auteur & journaliste Victor Castanet, il s’agit du livre « Le fossoyeur ».
3 années d’enquête et 250 entretiens plus tard, l’auteur dresse un constat accablant pour le groupe Orpéa, leader des établissements de soins privés en France, avec 354 établissements revendiqués en France.
Selon l’auteur et les intervenants ayant accepté de parler pour ce livre, tout est rationné dans les établissements du groupe, allant des repas jusqu’au matériel médical, telles que les protections urinaires adaptées aux personnes âgées, et ce, afin d’accroître la rentabilité du groupe.
Dès que je suis arrivée dans cette unité, dès que l’ascenseur s’est ouvert, j’ai compris que quelque chose n’allait pas.
Saïda Boulahyane, auxiliaire de vie
Déjà, il y avait cette odeur de pisse terrible, dès l’entrée.
Et je savais que c’est parce que les résidents n’étaient pas changés assez régulièrement.
Ça s’est révélé être le cas. Je suis restée près d’un an là-bas, et je ne vous dis pas à quel point il fallait se battre pour obtenir des protections pour nos résidents.
Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum.
Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie.
Pouvant se chiffrer à 7.000€ par mois, les résidants & proches pouvaient bien évidemment estimer que les soins étaient de qualité, bien loin de s’imaginer que l’envers du décor dressait une plus triste réalité.
Certains déplorent même que le groupe Orpéa soit simplement une entreprise lucrative au delà de l’utilité publique.
Au gouvernement, l’indignation est totale, des commissions d’enquête sont demandées, tout comme des contrôles plus importants pour les groupes privés, comme il en est le cas pour les établissements publics.
Le Ministre de la santé, Olivier Véran, a par ailleurs initié une procédure afin d’obtenir du groupe Orpéa, des réponses quant aux graves accusations dont ce dernier fait l’objet.
Il déclare par ailleurs qu’il n’exclut pas l’ouverture d’une enquête de l’inspection générale.
S’il y a lieu d’ouvrir une enquête, je l’ouvrirai. Je ne tremblerai pas.
Olivier Véran – Ministre de la santé
De l’argent contre le silence
L’auteur, Victor Castanet, a par ailleurs déclaré dans le 5/5 qu’à la moitié de son enquête, un « intermédiaire » était venu lui proposer une importante somme d’argent, 15 millions d’euro, en échange de la non-parution du livre, ce que l’auteur a, bien entendu, refusé, au regard de la gravité des faits cités dans son ouvrage.
Le groupe se défend
Le directeur général, Yves Le Masne, est convoqué au gouvernement le 1er Février afin de répondre des accusations graves faites à l’encontre du groupe Orpéa
Les témoignages à charge émanent d’une minorité d’anciens collaborateurs de l’entreprise, qui auraient nourri une « rancœur » à son encontre après l’avoir quittée. Nous n’avons jamais demandé le moindre rationnement. Il n’a jamais été question de sacrifier la moindre prise en charge, ça ne correspond ni à nos directives, ni à nos valeurs.
Yves Le Masne – Directeur Général Orpéa France
Le directeur général, Yves Le Masne, déclare que 2 cabinets indépendants ont été mandatés afin de faire la lumière sur les accusations dont le groupe fait l’objet. Ces derniers auront un accès total à tous les documents internes du groupe, et le résultat de leur enquête sera communiqué aux autorités compétentes.
Enfin, le groupe déclare que si de telles accusations s’avéraient fausses, il n’exclurait pas d’engager des poursuites à l’encontre des différents intervenants.
Sur Twitter, le groupe Orpéa a publié un communiqué de presse, déclarant avoir mandaté ces deux cabinets indépendants.
De vieux dossiers
En 2015, le groupe Orpéa était assigné en justice pour pratique douteuse.
Le groupe avait en effet recruté des « taupes » chargées d’espionner les salariés syndiqués du groupe.
4 millions d’euro avaient par ailleurs été proposés afin d’étouffer l’affaire.

En 2018, toujours sur Mediapart, les pratiques du groupe étaient déjà critiquées.
